les relations psyché/soma (1)
Il est très difficile de penser les relations psyché/soma de façon pertinente. Pour une raison fort simple, bien que complètment méconnue, à savoir qu'on prend la question comme si elle était légitime, on accepte sa formulation comme si elle évoquait une évidence allant de soi.
Accepter de s'interroger sur les relations psyché/soma, c'est, par définition, accepter l'idée que psyché et soma sont bel et bien deux entités hétérogènes et radicalement différentes, c'est donc refuser de s'interroger sur cette hétérogénité, la prendre pour "argent comptant". Ce pour quoi l'on retombe éternellement dans les mêmes impasses : avec l'idée de somatisation, c'est à dire d'une souffrance psychique s'exprimant dans le soma, venant perturber le soma, le corps.
La conception psychosomatique n'a donc, malgré de nombreuses tentatives, jamais pu sortir de cette impasse, finir par réduire les relations psyché/soma à l'influence du psychique sur le soma.
Je propose de reconsidérer la question. Et, notamment, de commencer par s'interroger sur la pertience ou la non pertinence de la formulation même de la question. Avant de s'interroger sur les relations psyché/soma, j'invite le lecteur à se demander s'il est si facile et évident que cela de distinguer psyché et soma. Oui, bien sur, si l'on se place dans le cadre de réflexion habituel, chez un adulte constitué dont on ne cherche pas à savoir comment il a constitué, comment se sont construits sa psyché et son soma. Mais si on prend les choses d'un point de vue généalogique, c'est à dire, en cherchant à saisir comment se sont construites ses deux "entités", depuis l'origine, les choses se brouillent quelque peu et psyché et soma perdent en hétérogénité.
Au départ, le vivant se réduit à une seule cellule, fruit de l'union des deux gamètes parentaux. Est-il incongru de poser la question suivante ? Cette cellule unique a-t-elle une psyché ? Est-elle purement somatique ? Puis elle se divise, en deux, puis quatre, huit, seize cellules, etc. des millions et des milliards de cellules qui s'organisent peu à peu pour former différents tissus et organes, etc. Autre question. Un milliard de cellules, est-ce purement somatique ? Cela possède-t-il une psyché ? Cela fait il, d'ailleurs, "un corps" ? Ou n'est-ce qu'un "amas" cellulaire ? En tout état de cause, cela semble indiquer que la psyché apparait plus tard, et d'une certaine façon, à partir du soma car il faut, notamment, un système nerveux élaboré, donc une base somatique, pour qu'une psyché puisse apparaître. Je ne veux pas dire par là que la psyché serait réductible à du somatique, encore moins à un simple phénomène cérébral ou neurologique.
Il ne s'agit pas de passer d'une hétérogénité radicale qui rend les relations psyché/soma énigmatiques à la réduction de la psyché à du somatique. Nous verrons, d'ailleurs, dans un texe prochain, que le somatique ne eput se développer convenabement sans intervention et "stimulation" psychique.
A ce point, je voudrais juste faire comprendre que l'hétérogéité radicale entre les deux entités est, vraisemblablement, une illusion, une "erreur" de notre représentation des choses. Cela montre, aussi, que la relation psyché/soma qu'on a tendance à penser, de façon simpliste, dans le seul sens psyché --> soma semble s'inverser dès l'origine. Les choses doivent donc être moins simples qu'il n'y parait généralement.
Nous en resterons là pour aujourd'hui. Le sujet est complexe et nécessitera plusieurs textes pour s'éclairicir quelque peu.