Le tissage psychophysique de l'être humain

J'ai écrit, dans mon dernier texte, qu'il fallait remonter encore en amont pour mieux comprendre les liens étroits entre psyché et soma. J'ai écrit, aussi, que le corps et la psyché se développaient en s'appuyant l'un sur l'autre. En fait, il serait plus exact de dire qu'ils se développent de manière couplée. L'un et l'autre se "construisent" l'un par l'autre. J'aime bien pour faire "comprendre", pour faire saisir Intuitivement cela, faire référence à l'image, la métaphore du tissage. 

Qu'est-ce qu'un tissu ? Une structure à deux dimensions, qui possèdent deux faces, que l'on peut observer l'une ou l'autre alternativement mais dont on ne peut pas regarder les deux faces en même temps. Notre vision, nos yeux ne peuvent contempler que l'une ou l'autre à un moment donne. Ce qui fait que l'on pense,  le plus souvent, ces deux faces comme résolument disinctes. Il en va de même, selon moi, de la "face" physique et de la "face" psychique de l'être humain. Nous sommes habitues a n'en contempler, à n'en prendre en compte que l'une ou l'autre face. Sans en saisir l'intrication extrême. 

Comment se construit un tissu ? Certainement pas  en "accolant" deux faces indépendantes et préexistantes. Mais par le tissage du fils tenus, innombrables que l'on noue peu à peu ensemble. Et de ces fils divers aux couleurs variées et à la texture éventuellement différente, nait, peu à peu un tissu, strucure unique bien que bi-face. Le tissage permet ainsi de passer d'une structure à une dimension a une structure à deux dimensions. De simples fils qui n'offrent ni grande résistance, ni tenue particuliere et ne présentent pas, non plus de texture et de motifs particuliers a un tissu aux deux faces différentes, solide, résistant, aux motifs varies, à la texture singulière, chaque face semblant indépendante de l'autre. 

Je pense qu'il en va ainsi de l'être humain, de façon infiniment plus complexe bien sur. Mais comprenons bien que le tissage de l'être humain ne se fait pas à partir de fils psychiques et de fils physiques. Psyché et soma sont les deux faces résultant du tissage, ils ne lui pré-existent nullement. C'est une multitude de composants qui interviennent et s'entremêlent, se tissent les uns aux autres pour faire "naitre" une structure unique bi-face, l'être humain, doté, appparemment d'un corps et d'une psyché largement indépendants. La génétique joue son rôle, les relations affectives, les échanges, les expériences de vie aussi (douloureuse ou bienfaisante : une naissance débouchant sur une infection grave avec hospitalisation dès les premières heures et pendant plusieurs semaines en rénaimation puis néonatologie ne sera pas sans conséquences sur la "construction" de l'individu à venir). Mais le climat, l'environneement joue son rôle tout comme l'alimentation (une malnutrition perturbera le développement physique de l'enfant (marasme, rachitisme, etc.) voire psychiques (certaines déficiences intellectuelles pouront en découler. A l'inverse un enfant qu'on "remplira" de nourriture au moindre cri ou appel, par incompréhension de ses besoins sera, lui aussi, marqué durablement). Les toxiques divers auxquels nous sommes exposés toute notre vie nous marquent eux aussi, nous subissons de même l'influence culturelle et "morale" de notre société, l'intégration ou les dificultés que l'on rencontrera à l'école puis dans la vie professionnelle laissent leur marques, oriente, dans une mesure non négligeable, le dit tissage. 

Dès l'origine, le bébé, le foetus lui même, baigne dans l'univers hormonal (troubles ovariens, gynécologiques), émotionnel (joie, bonheur, deuil, tristesse, etc.), psychique, biologique de la mère (diabète, hypertension artérielle, pathologie infectieuse, prise de médicaments). De même, pour complexifier encore les choses, les évènements de vie auront un impact très variable selon les prédispositions génétiques du bébé comme selon les périodes où ils surviendront. Tel traumtisme n'aura pas le même impact à 1 an ou à 2 ou 5 ans. Il n'aura pas le même impact selon la réponse propre des autres mebres concernés de son entourage. La sensibilité des différents protagonistes et leur "adapation réciproque" joue aussi. Tel enfant insécure sera rassuré dans un milieu qui le comprend et saura lui donner confiance, là où un milieu agacé par sa pusillanimité ne fera que renforcer cette insécurité première.

C'est donc, au fil du temps, au fil de la vie et de ses évênements, que chacun se "construira", peu à peu, à la fois au plan physique et psychique et ce n'est qu'assez tardivement qu'une "personnalité" physique et une "personnalité" psychique seront reconnaissables chez un sujet. C'est alors qu'on se demandera, parfois, devant tel trouble, s'il est plutôt d'origine physique ou psychique et quel part chacun de ces deux aspects y jouent. 

Dans un certain nombre de cas, minoritaire selon moi, le trouble s'avérera "purement" physique ou psychique mais dans la grande majorité des cas, en réalité, il exprimera un déséquilibre de l'entité unique, unifiée, psychophysique du sujet, d'une mise à mal, pourrait-on dire familièrement, de son tissage vital. Et l'aspect physqie et psychique du trouble ne seront, dès lors, pas perçus dans une relation où l'un causerait l'autre mais comme exprimant les deux faces d'une même atteinte du "tissu humain". Chaque trouble concerne, en fait, une "zone" du tissu humain et en affecte, bien logiquement, les deux faces. Il n'y a pas grand sens, dans ce cas, à chercher si l' altération d'une des faces est responsable de l'altération de l'autre face puisque c'est notre seule incapacité à regarder des deux côtés à la fois qui créé cette dualité apparente. 

L'homéopathie présente l'inestimable intérêt de prendre en compte le tissage humain. C'est  ainsi que, pour elle, chaque signe ou symptôme est, à la fois, physique et psychique. Angoisse ressentie à l'estomac par l'un, au coeur par l'autre, à la gorge par un troisième, s'accompagnant de frilosité ou de bouffées de chaleur, d'impossibilité à manger ou de boulime, d'insomnie ou d'hpersomnie. Sciatique qui laisse le sujet apathique, ou énervé, anxieux ou négligent, qui le pousse à se réfugier dans son lit sans bouger ou, par défi, à aller travailler malgré tout. 

Le fait que chaque symptôme, en homéopathie, mêle psyché et soma (toux aggravé en présence d'étrangers, tristesse améliorée par l'exercice physique par exeple) n'est, ainsi, que fidélité à la réalité même du tissage humain. L'homéopathie vient, ainsi, heureusement compléter les approches biomédicales (qui s'en tient aux paramètres et signes physiques objectifs) et les thérapies de l'inconscient (qui se concentrent sur la face psychique du sujet), en se consacrant, quand à elle, au tissage vital qui a abouti à "créer" l'être humain singulier qu'elle rencontre et dont les deux autres types d'approche n'observent qu'une des deux faces.

Comments

[GUY KARL]

Très belle page : je suis bien d'accord qu'il faut en tenir en amont, avant la distinction des deux dimensions du physiologique et du psychique. C'était d'ailleurs l'idée de Groddeck qui voyait dans le çà une réalité fondamentale antérieure à nos distinctions logiques. Toute la difficulté est pratique : comment faire pour appréhender concrètement cette réalité insaisissable, la modifier dans l'acte clinique ou thérapeutique pour le bien du sujet? S'agit-il d'ailleurs de modifier quoi que ce soit, ou plus modestement d'infléchir les processus dans le sens d'une amélioration?

[Zaz 56-64]

Tout est tellement plus simple, quand au lecteur, les mots résonnent en verite d une xperience commune.



De l amour et de la douceur en difusion progressive et voila une introduction parfaite pour une prescription á dimention humaine.



C la encore une perception de l être imparfait, assez proche du Shakiamuni ;-)

Developper l amour En simplifiant au possible ses desirs. Se satisfaire de ce peu, qui en son temps nous tricote une superbe maille 2D douce, chaude et protectrice. Une couverture réversible qu' on aime dans toutes ses dimentions. Décathlon n a plus K bien se tenir ! Non je vous taquine, j ai adoré.

Amicalement