Est-il possible d'agir sur le tissage psychophysique ?

Je vais tenter d'esquisser une réponse à la question, essentielle, que pose Guy Karl dans son commentaire sur mon dernier billet.

"Toute la difficulté est pratique : comment faire pour appréhender concrètement cette réalité insaisissable, la modifier dans l'acte clinique ou thérapeutique pour le bien du sujet? S'agit-il d'ailleurs de modifier quoi que ce soit, ou plus modestement d'infléchir les processus dans le sens d'une amélioration?".

Pratiquant l'homéopathie, depuis un peu plus de vingt-cinq ans, je peux témoigner de la possibilité d'agir sur ce tissage psychophysique. Mettons nous donc en situation. En quoi consiste la consultation homéopathique ? Tout simplement à recueillir le tableau le plus fidèle possible de l'état du patient au moyen de trois types de données. Et nous verrons que chacune de ces données expriment un tissage psychophysique de l'être humain. 

- les sensations du patient (anxiété ressentie au creux de l'estomac, avec la sensation que le coeur va s'arrêter, pour l'un s'il ne bouge pas, pour l'autre s'il reste au repos, grippe avec état d'agitation et énervement, colère du patient, grippe avec "abrutissementé complet de celui-ci, etc.). Tout signe ou symptôme retenu est considéré, s'il est "physique" (une douleur, une lésion, éruption, ulcère, etc.) avec toute sa coloration émotionnelle et psychique et, s'il est psychique (anxiété, insomnie ou dépression par exemple) avec toute sa coloration physique ( avec ou sans appétit, idem pour la soif, présence ou non d'une douleur, besoin de remuer ou de rester immobile, signes physiques concomittants (toux, céphalées, besoin ou non d'uriner plus que d'habitude, constipation inhabituelle, etc.)). 

- les modalités de modification des signes et symptômes : ces modalités expriment le tissage vital du patient, tissage de sa psyché et de son soma, mais aussi, et de manière quasi "poétique", tissage du sujet à "son monde" (toux aggravée à l'humidité, améliorée en mangeant, pire en compagnie, voire, paradixe, améliorée en fumant, etc.). 

- les causalités ou "suite de", c'est à dire les circonstances qui ont présidé, provoqué, ou simplement révélé la pathologie. Par exemple, maladies "suite" de coup de froid (parfois à la fois sur le plan physique (courant d'air froid) et affectif (suite de "coup de froid affectif" pour les sujets relevant de la prescription du médicament Causticum), "suite de" peur, de chagrin, de traumatisme cranien, de vaccinations, de prises d'hormones, de coqueluche, etc.). 

Les patients, quand la prescription sera judicieuse, et les capacités de rétablissement du sujet suffisantes, se verront, alors, nettement améliorées sur les deux plans concomittants, physique et psychique, et ce, avec un seul médicament. 

Si on reprend l'image du tissage, il ne faut pas s'imaginer pouvoir le modifier du tout au tout, mais il est possible de l'assouplir, le "solidifier", voire "recoudre" certaines déchirures. Car, ne l'oublions, le tissu psychophysique est, pléonasme, VIVANT et donc se fait et se refait en permanence.  Certainement pas du tout au tout et encore moins ne se refait-il pas complètement nouveau. Mais s'il reproduit, généralement, l'ancien tissage, certaines interventions thérapeutiques vont permettre de mettre du nouveau à la place de l'ancien. De la souplesse là où régnait de la rigidité. De la vitalité là où le tissu semblait éteint, là où il avait perdu ses couleurs. De la solidité là où il était tellement élimé qu'il menaçait de se déchirer au moindre accroc, à la moindre tension.  

Reste que la faille sous jacente ne sera jamais totalement comblée. Et qu'en cas de stress massif ou de difficultés majeures, ce sera, le plus souvent le même point faible qui souffrira, voire qui "lachera" ... la même "maille" faible pourrait-on dire.