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HOMEOLOOK, homéopathie, science et médecine ... blog de Philippe Marchat
16 avril 2020

QUI SONT CES EXPERTS DONT NOUS DÉPENDONS DE PLUS EN PLUS ?

Un long texte, très intéressant. On pourrait, comme toujours, le disqualifer de façon a priori, le juger, sans réflexion ni lecture attentive, excessif tant sa charge contre le système mondial d'expertise qui nous "gouverne" semble massif. 
Mais j'ai bien peur que ce qu'il décrit et critique ne soit, très largement, pertinent.
A chacun de se faire un avis. 
Bonne, et longue, lecture. 
Par Dr Pascal Sacré..
- COVID-19 – Vérifiez vos sources. Guerre contre… la corruption ?
 
Introduction

Je ne suis pas conspirationniste. Je n’affectionne pas particulièrement les réseaux sociaux, les blogs, les polémiques sur internet. Je ne suis pas non plus journaliste, de métier en tout cas.

Je suis médecin. J’ai fait sept années d’études, trois années de candidature, quatre années de doctorat pour obtenir le diplôme de docteur en médecine, en 1995, en Belgique. Je me suis spécialisé en anesthésie-réanimation, puis en soins intensifs, entre 1997 et 2003 et je travaille depuis dix-sept ans dans cette spécialité mise à l’honneur à l’occasion de cette pandémie virale appelée Covid-19. Je suis donc plutôt qualifié sur un plan médical. C’est ma spécificité. Dans ce métier, je suis principalement guidé par un leitmotiv provenant des premiers médecins de l’Antiquité : « Primum non nocere », traduction : « Avant tout ne pas nuire. »

Je suis également marié et père de quatre enfants. Je me sens donc plutôt responsable, bien intégré dans cette société et souhaitant le meilleur système de santé pour mon épouse et mes enfants.

Je n’ai aucun intérêt financier, aucun intérêt tout court à critiquer nos instances sanitaires dirigeantes, juste pour le plaisir de le faire. Critiquer certains dogmes médicaux tels que la vaccination [1] contre la grippe, la prise en charge des dyslipidémies [2] ou la gestion de la pandémie Covid-19 par l’OMS [3] et par mon pays, est dangereux et passible de sanctions sévères de la part de l’Ordre des Médecins [4]. Ce n’est pas rien. Qu’est-ce qui pourrait pousser un médecin spécialiste, père de quatre enfants, à écrire un article dont la teneur pourrait lui valoir des sanctions telles que la radiation, l’opprobre, le renvoi de son hôpital ou des remontrances de ses collègues ? Quelle mouche le piquerait, si ce n’est ni l’appât du gain, ni l’espoir de louanges, bien au contraire ?

Ma réponse tient en deux mots : conscience professionnelle, voire en un seul : conscience.

Où se trouve l’erreur ?

Nos sociétés, en matière de santé, ont pris plusieurs décisions lourdes de conséquences.

En premier lieu, elles ont décidé de désigner, aussi bien au niveau supranational qu’aux niveaux nationaux, un seul comité comme référence scientifique officielle des gouvernements. Toutes leurs décisions sanitaires, impliquant des millions pour ne pas dire des milliards de personnes, proviennent des recommandations d’experts présents dans ces comités.

En deuxième lieuelles ont accordé à ces comités et aux experts qui en font partie une confiance inébranlable. Ce genre de confiance qui, une fois donnée, n’est plus remise en question.

Ainsi, si ces experts annoncent quelque chose, alors c’est que c’est vrai. Cela n’est plus critiqué.

Sur un plan mondial, nous avons l’OMS ou Organisation Mondiale de la Santé, WHO en anglais [5]. Celle-ci régente, influence, dirige les politiques de santé de tous les pays du monde.

Sur un plan européen, nous avons l’AEM ou Agence Européenne du Médicament, EMA en anglais [6] établie à Amsterdam. Sur son site, on peut lire qu’elle garantit l’évaluation scientifique, le contrôle et le suivi de la sécurité des médicaments à usage humain et vétérinaire dans l’Union Européenne. Nous verrons par la suite ce que l’EMA entend par contrôle et suivi.

Dans chaque pays, nous retrouvons des comités de structure similaire, soumis à l’OMS et à l’EMA pour les pays européens, dans laquelle nous retrouvons à chaque fois un panel de leaders d’opinion clé ou KOL en anglais (Key Opinion Leader). 

Dans le domaine de la médecine et de la santé, nous y retrouvons à priori des gens de confiance, de par leurs compétences unanimement reconnues par leurs pairs et surtout, de par leur honnêteté et leur indépendance totale vis-à-vis des industries, en l’occurrence pharmaceutiques. Réellement ?

Dans cet article, je me concentrerai sur la France qui dispose, pour gérer la pandémie Covid-19, d’un comité de ce type, le CARE [7] (Comité Analyse Recherche et Expertise), formé de 12 chercheurs et médecins et mis en place par le gouvernement français le 10 mars 2020.

Je me concentrerai également sur mon pays, la Belgique, qui a également créé, sur un plan général, une superstructure qui porte le doux nom de SCIENSANO [8], issu de la fusion entre l’ancien Centre d’Étude et de Recherches Vétérinaires et Agrochimiques (CERVA) et l’ex-Institut scientifique de Santé publique (ISP). Pour la gestion de la pandémie Covid-19, un comité scientifique coronavirus a été spécialement mis en place [9]. Je m’attarderai également sur le cas de Maggie De Block, notre ministre belge des affaires sociales et de la santé publique [10].

En quoi tout cela est-ce un problème potentiel ? 

Il paraît logique de créer de tels comités d’experts qui permettent aux politiciens de prendre les meilleures décisions possibles, dans des domaines où eux-mêmes ne sont pas des experts.

Toutefois, l’efficacité et l’innocuité de tels comités n’est garantie que par leur indépendance réelle vis-à-vis des instances supérieures telles que l’OMS, dans le cas où celle-ci prendrait de mauvaises décisions, et qu’en cas d’intégrité absolue de ses experts vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique.

Pour les populations, dans le cas où l’une de ces conditions ne serait pas remplie, le résultat pourrait s’avérer catastrophique.

Justement…

La dépendance de l’OMS

J’ai écrit un article sur l’OMS en 2010 [11], traduit en anglais récemment, en février 2020, paru sur le site GlobalResearch [12].

Dix années d’intervalle.

Le verdict, en 2010, était déjà sans appel. 

Le SAGE, groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination, créé en 1999 par le directeur général de l’OMS [13], était composé de personnalités en lien avec l’industrie pharmaceutique de la vaccination, dont le professeur Albert Osterhaus de l’université Erasmus de Rotterdam.

Nombre des experts scientifiques de l’OMS, conseillers d’alors de Margaret Chan, directeur général de l’OMS lors de la déclaration de pandémie mondiale de grippe H1N1 [14], avaient reçu de l’argent directement ou indirectement des entreprises pharmaceutiques, notamment GlaxoSmithKline et Novartis, fabricants des vaccins vendus pour gérer cette pandémie.

Dans cet article paru le 26 novembre 2009 [15], je conseillais déjà de se préparer aux pandémies suivantes. En effet, l’OMS, contaminée par les experts de l’industrie pharmaceutique qui brandissent la vaccination comme un Saint-Graal, avait bien un plan de peur intense pour nous, pour les années à venir.

N’est-ce pas le cas, 11 ans plus tard ?

Dix années et rien n’a changé. On ne peut toujours pas faire confiance à l’OMS [3]. Ce n’est pas étonnant, puisque rien n’a été entrepris pour redresser la situation et par exemple, pour assainir les comités d’experts. C’est d’ailleurs une constante, comme nous le verrons avec l’Agence Européenne du Médicament. Les chiens aboient, la caravane de la corruption passe, imperturbable. Seule la population, suffisamment informée et mobilisée, pourrait l’exiger.

L’une des raisons, comme le souligne le docteur Jerome P. Kassirer en 1995, déjà, dans le New England Journal of Medicine, bible scientifique de la profession médicale, est l’inclusion du système de soins dans la logique du marché, du profit, de la rentabilité et lorsque le marché rencontre le chaos, le système de soins et de santé publique aussi [16].

L’Agence Européenne du médicament : des experts au-dessus de tout soupçon ?

La réponse est non [17].

Opacité, autrement et plus joliment dit, manque de transparence. 

Conflits d’intérêts, un joli nom pour corruption. 

Collusion avec les firmes pharmaceutiques. 

Indépendance de façade.

Nous y retrouvons ce vieux principe des revolving doors ou « portes-tournantes » ou encore portes-tambours, le pantouflage [18] :

« À plusieurs reprises, en effet, des employés de l’EMA se retrouvaient « chefs de projet » pour l’autorisation de mise sur le marché de médicaments commercialisés par des laboratoires pour lesquels ils avaient travaillé auparavant, dont ils possédaient des actions boursières, ou pour qui travaillait leur conjoint. » [19]

« Il se pose d’autant plus que la pratique du pantouflage, qui consiste pour les experts de l’EMA à aller travailler après leurs mandats comme consultants très bien rémunérés pour les laboratoires pharmaceutiques, est une pratique courante et dénoncé de longue date et avec force par des associations comme le Formindep, Health Action International, ISDB, Corporate EU Observatory ou ALTER-EU. » [19]

Mais le scandale se poursuit sans que les choses changent malgré ces évidences.

« En 2010, l’Agence européenne du médicament s’était déjà fait taper sur les doigts par le Parlement européen, qui dénonçait à l’époque une « gestion désastreuse des conflits d’intérêts, en s’appuyant sur l’audit réalisé en 2009 par la Commission européenne. » 

Quelle ironie quand on pense que sur leur site officiel, l’agence dit bien assurer le contrôle et le suivi de la sécurité des médicaments à usage humain [6], le contrôle et le suivi. Pour ce qui est de prendre les dispositions nécessaires pour assainir ses comités d’experts, là, elle a failli.

Le CARE : des conseillers du pouvoir indépendants ?

Allons en France pour y retrouver la même mécanique malsaine.

Le CARE, pour comité, analyse, recherche et expertise, a été mis en place par le gouvernement français le 10 mars 2020, et renforcé le 24 mars.

L’article paru sur Mediapart [20] est clair et sans appel :

« Plusieurs médecins des deux conseils scientifiques qui accompagnent le gouvernement sur les choix stratégiques à faire pour affronter le Covid-19 ont des liens d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique. »

Dans cet article [21], nous lisons que plusieurs membres des deux conseils scientifiques conseillant le gouvernement français pour la gestion de la pandémie Covid-19 ont des liens financiers importants avec des firmes pharmaceutiques. 

« Par exemple, l’un d’eux s’est vu verser plus de 250 000 euros entre 2014 et 2019, selon les chiffres de la base publique Transparence santé. Et rien qu’en 2018, « Big Pharma » a déboursé 1,36 milliard d’euros aux professionnels de santé. » [22]

Qu’est-ce que les autorités ne comprennent pas dans le mot indépendance ?

Les scientifiques de pointe doivent-ils forcément être en lien financier avec l’industrie pharmaceutique ? Ce pourrait être un argument spécieux avancé par le camp défenseur de telles liaisons dangereuses.

Pourtant il n’en est rien.

Probité et excellence professionnelle sont fréquemment associées, ça existe ! 

Par exemple, le professeur Didier Raoult qui défraie la chronique actuellement pour ses positions anticonformistes était le seul membre du CARE sans liens d’intérêts connus avec l’industrie pharmaceutique. Il a d’ailleurs claqué la porte du CARE [20].

D’autres experts sont également connus mondialement pour leur indépendance vis-à-vis de l’industrie phamarceutique, tels que :

  • Le docteur Wolfgang Wodarg [23], pneumologue allemand qui avait déjà appelé à des enquêtes afin d’alléger l’importance des conflits d’intérêt concernant la gestion européenne de la pandémie de grippe H1N1 en 2009.
  • Le docteur John Ioannidis [24], qui déclare sans ambages qu’à propos de la pandémie Covid-19, nous prenons des décisions qui ne sont pas basées sur des données fiables [25].
  • Le docteur Peter C. Gøtzsche, né le 26 novembre 1949, est un médecin et chercheur danois. Il est directeur du centre Cochrane nordique et est cofondateur de la Collaboration Cochrane avec 80 autres personnes. Actuellement, il a fondé, en 2019, l’institut pour la liberté scientifique. En ce qui concerne la pandémie Covid-19, il parle davantage d’une épidémie de panique, bien plus létale que la pandémie virale elle-même [26].

À noter que ces personnalités, petit échantillon d’un groupe bien plus vaste [27-28], ne sont pas « n’importe qui ». Ce ne sont pas des conspirationnistes mais des médecins reconnus mondialement, des personnalités politiques pour certains, caractérisées à la fois par leur probité scientifique, leur indépendance vis-à-vis de la finance et de l’industrie, et leur discours anticonformiste.

Pourquoi ne pas composer les comités d’experts scientifiques, les conseils de nos gouvernements avec de telles personnes qui ont fait leurs preuves aussi bien sur un plan professionnel que moral ?

C’est à la population de l’exiger, aujourd’hui. 

Manifestement, la solution ne viendra pas de ces mêmes gouvernements gangrenés par le spectre de la corruption sous toutes ses formes et appelé, dans un euphémisme de langage révoltant, conflit d’intérêt.

La Belgique, une exception ?

Non.

En Belgique, nous avons une ministre de la santé particulière, Maggie de Block, personnalité caractérisée par une certain arrogance, pour ne pas dire un certain mépris vis-à-vis des gens qui ne sont pas d’accord avec elles et le lui disent [29].

La députée fédérale écolo Muriel Gerkens n’hésite pas à qualifier Maggie De Block de ministre des lobbies pharmaceutiques plutôt que ministre de la santé des belges [30].

Toujours selon cet article, les prises de position et les décisions de Maggie De Block ne conduisent qu’à une conclusion sans appel : Maggie de Block peut nuire gravement à notre santé, à nous les Belges.

Par exemple, l’asbl FARMAKA garantissait l’indépendance médicale, concernant notamment l’analyse objective des médicaments mis sur le marché, face aux pratiques des firmes pharmaceutiques vendeuses de ces médicaments. C’était le seul organe indépendant. 

Entre les informations partiales fournies par les délégués médicaux au service des firmes vendeuses, et un organe indépendant d’analyse sur l’utilisation rationnelle des médicaments, indépendant des firmes qui produisent ces médicaments, à qui les médecins généralistes comme spécialistes devraient-ils accorder leur confiance ? 

La réponse est dans la question.

Pourtant, sous l’égide de Maggie De Block, les budgets de FARMAKA ont été coupés, supprimés, en 2018 [31].

De même, l’opacité devient la règle dans les négociations avec les firmes pharmaceutiques concernant le remboursement des médicaments [30].

Chez nous, en Belgique, qui ne compte pas moins de 9 ministres ayant des compétences gouvernementales en matière de santé (fédéral, provincial, régional) [32], plus que dans les autres pays européens, la politique de santé se joue au travers d’innombrables commissions où les autorités et les mutualités négocient avec les syndicats de médecins et d’autres prestataires de soins, les associations coupoles des hôpitaux et les lobbyistes de l’industrie pharmaceutique.

Deux instances officielles garantissent une prise de décisions politiques sur la base d’informations indépendantes et scientifiquement fondées : le Conseil Supérieur de la santé (CSS) et le Conseil Fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE) créé en 2002.

Le gouvernement belge, sous l’égide de Maggie De Block, a décidé de fusionner l’Institut scientifique de santé publique (ISP, anciennement Institut d’Hygiène et d’épidémiologie et Institut Pasteur) avec le Centre d’étude et de recherches vétérinaires et agrochimiques (CERVA) pour former une nouvelle méga-institution scientifique appelée SCIENSANO.

SCIENSANO va également phagocyter le CSS et le KCE, les deux derniers organes d’avis indépendants, comportant notamment, pour le KCE, des représentants des organisations de patients, cela alors que 73 chercheurs et professeurs d’université s’y opposent et défendent l’indépendance du KCE et du CSS [33]. 

Encore et toujours le mépris.

Il faut savoir que la création de SCIENSANO répond à un audit basé sur les préceptes de l’OMS [34].

L’OMS préconise que chaque pays dispose d’un Health Research System (HRS) efficace. Ce système fait en sorte que les connaissances scientifiques qui sont générées sur le plan de la santé puissent être récoltées, retravaillées et utilisées de manière optimale.

Cela sonne bien. Digne de louanges. Sur le papier.

Le directeur du KCE, Raf Mertens, a pourtant exprimé ses préoccupations à propos de cette nouvelle structure unique à la solde de Maggie De Block. Raf Mertens a exprimé son insatisfaction à propos du rapprochement en cours, disant craindre pour l’indépendance du KCE, en raison de la composition du nouveau conseil d’administration [35]. 

73 chercheurs et médecins trouvent cette fusion inopportune.

Selon cet article dans le Journal du Médecin déjà sourcé [33], citant les signataires de cette pétition revendiquant l’indépendance du Centre fédéral d’Expertise des Soins de santé (KCE) et du Conseil Supérieur de la Santé (CSS) :

 « La protection de la santé des citoyens ne doit pas être amalgamée avec la défense des intérêts du secteur de l’agriculture et de l’industrie agro-alimentaire. La recherche scientifique, qu’elle soit académique ou qu’elle émane des autorités publiques, exige un minimum d’indépendance pour être crédible. »

« Les instances d’avis scientifiques en matière de santé et de soins de santé doivent pouvoir travailler sans les liens de dépendance directs vis-à-vis des groupes d’intérêt, des lobbys industriels et des influences politiques. »

Encore une fois, tout part d’un bon principe sur le papier. Regrouper dans un seul organe différents acteurs scientifiques majeurs du secteur de la santé humaine et animale. 

Cela fonctionne si ce groupe reste supervisé par un organe réellement indépendant de l’industrie et de la politique. 

Ce n’est pas le cas, Raf Mertens, directeur du KCE, et Jean Nève, président du CSS, pointant du doigt une perte d’indépendance des experts amenés à émettre des avis impartiaux au sujet des soins de santé au sein de SCIENSANO.

Le conseil d’administration de SCIENSANO ne rassemble plus des représentants pluriels issus des milieux de la santé, des patients, des centres de recherches universitaire. Les risques sont réels que l’influence du gouvernement sur les avis et orientations à prendre soit de plus en plus grande. On a déjà vu que le KCE était empêché de publier certains avis vu les oppositions politiques ou de certains lobbys puissants. 

De plus, le budget du seul organe d’information réellement neutre sur les médicaments à l’adresse des médecins, FARMAKA, ne devrait pas être réduit, voire supprimé, mais augmenté.

Les craintes exprimées par le KCE et le CSS pour leur indépendance au sein de SCIENSANO ont trouvé un écho auprès des universitaires, mais aussi de Paul De Munck, président du GBO ou Groupement belge des Omnipraticiens [36].

Donc, on le voit, la contestation ne vient pas de sites conspirationnistes ou d’individus anonymes, mais bien de médecins qui par leur nombre et leur qualifications, issus de l’intérieur même de ces institutions, ne devraient pas voir leur avis balayé de la sorte par la main méprisante et toute puissante de notre ministre de la santé.

Synthèse

J’aurais pu continuer ainsi pays par pays, mais les principes sont toujours les mêmes.

En premier lieu : créer des organisations uniques, monolithiques, qui deviennent nos sources officielles et agréées d’informations, soi-disant garantes des meilleures prises de décisions : OMS au niveau mondial, EMA au niveau européen, CARE en France ou SCIENSANO en Belgique, des structures uniformes, opaques et dépendantes des institutions politiques et industrielles.

Cela est fait malgré les scandales avérés et les affaires documentées de corruption ayant impacté tous ces organismes, à un moment ou à un autre, avec des conséquences dramatiques pour la santé de la population.

Cela est fait malgré l’opposition de personnes, non pas d’individus inconnus ou de sites conspirationnistes, mais de spécialistes raisonnables et dûment reconnus, dans chacun de ces pays.

Les décisions gouvernementales impactent le monde réel, en l’occurrence la santé et le bien-être des populations.

Ces mêmes populations sont maintenues à l’écart de ces scandales et de ces voix dissidentes et pourtant légitimes. 

Les populations ignorent ces avis divergents et pourtant dignes de foi. Les journalistes, intentionnellement ou parce qu’ils l’ignorent eux-mêmes, n’en parlent pas.

Exemple : la prise de décision du confinement de la part des gouvernements belge et français, au travers de l’avis du CARE et de SCIENSANO, est annoncée comme une décision raisonnable et unilatéralement partagée par le monde scientifique.

Il n’en est rien. Ce n’est ni raisonnable, ni défendu par tout le monde scientifique.

Beaucoup de médecins, de professeurs, de spécialistes s’opposent à la notion de confiner une majorité saine de la population [27-28] et le font sur des bases scientifiques.

Une étude récente de l’University College London (UCL) révèle que les fermetures d’écoles n’auront que peu d’impact sur la propagation du coronavirus [37]. Pourtant, nos sources affirment que le confinement est la seule solution.

Les conséquences du confinement sont potentiellement terribles.

L’information de nos populations n’est pas éclairée, impartiale et honnête. La responsabilité en incombe à nos politiciens, nos journalistes et nos comités d’experts choisis unilatéralement par les premiers.

En deuxième lieu : accepter que perdurent l’opacité et l’existence de liens entre les scientifiques, les politiciens et les milieux intéressés par la vente et la promotion de leurs produits, l’industrie pharmaceutique dans le domaine de la santé.

Il suffit de quelques clics sur internet pour vérifier que la médecine reste bien sous influence, pour ne pas dire sous contrôle absolu de l’industrie pharmaceutique, comme ici sur le site de Formindep en France (FORMation médicale continue INDEPendante) [38], ou ici, où l’on apprend qu’en leur offrant gratifications et contrats rémunérateurs, les laboratoires pharmaceutiques ont tissé une dense toile de liens d’intérêts au sein de la profession médicale [39], ou encore ici, sur le site de la fédération maisons médicales, en avril 2008, qui analyse bien le problème en profondeur [40]. 

Par exemple, qui parle aux étudiants en médecine des firmes pharmaceutiques et de leurs méthodes manipulatoires et malhonnêtes ? Personne ! Je confirme.

Pourtant, comme le dit Cindy Joye, médecin généraliste belge, dans son travail de fin d’études : « Depuis que je travaille en médecine générale, je reçois en moyenne un délégué médical par semaine en consultation. » [41]

Dans l’édition santé du 25 octobre 2015, parue dans le Monde Diplomatique [42], le professeur Peter C. Gøtzsche, spécialiste de médecine interne, directeur du centre Cochrane nordique, un groupe d’experts indépendants, déjà cité [26], n’y va pas de main morte.

« Selon lui, [l’industrie pharmaceutique] … serait à l’origine de centaines de milliers de morts dans le monde chaque année, ce qui en ferait la troisième cause de décès après le cancer et les maladies cardio-vasculaires. Il estime que les connaissances accumulées sur les stratégies d’influence de ce lobby — le « Big Pharma » — pour augmenter ses profits permettent de le comparer au crime organisé et à la Mafia. » [43]

Cela parait pourtant sain de dissocier travail scientifique sur un produit et financement par l’industrie intéressée par la vente du même produit. 

D’abord, le risque, la tentation d’abandonner toute impartialité sont alors grands.

Ensuite, les faits ont montré que très rapidement, au cours de l’histoire, la corruption s’installait effectivement. C’est un fait et cet article le démontre.

Enfin, à ceux qui diraient qu’il est impossible de faire autrement, c’est faux car il existe bel et bien des médecins honnêtes, incorruptibles, ainsi que des organismes réellement indépendants et pourtant de haut niveau scientifique, tels que :

-) La collaboration Cochrane [44] :

« Nous n’acceptons aucun financement commercial ou conflictuel. Cela revêt une importance vitale pour nous, afin de pouvoir générer de l’information fiable faisant autorité et de travailler librement, sans être entravés par des intérêts commerciaux et financiers. »

-) L’institut pour la liberté scientifique [45], fondé en 2019 par le professeur Peter C Gøtzsche déjà cité dans cet article [36] :

« L’institut lutte pour l’honnêteté et l’intégrité en science, et pour aider à développer de meilleurs soins de santé. »

-) L’AIMSIB, l’association internationale pour une médecine scientifique indépendante et bienveillante [46] :

« Nos objectifs sont de fournir une information critique, indépendante, scientifique et exempte de conflits d’intérêt sur les médicaments, traitements et dispositifs médicaux. »

-) La revue Prescrire [47] :

« L’Association Mieux Prescrire, qui édite toutes les productions Prescrire, est une association de formation à but non lucratif (loi 1901). Elle s’est organisée pour être affranchie des influences des firmes, comme de celles des organismes chargés de l’organisation des systèmes de soins. La mission de Prescrire est inscrite dans l’Article 1 des statuts de l’Association Mieux Prescrire (AMP) : « Œuvrer, en toute indépendance, pour des soins de qualité, dans l’intérêt premier des patients. À cet effet, l’Association pourra prendre toute initiative et entreprendre toute action à des fins de formation des professionnels de santé, de sensibilisation, d’information, et d’amélioration des pratiques. »

Donc, créer des comités composés de scientifiques renommés, compétents et honnêtes, réellement indépendant, afin de conseiller les gouvernements sans que leurs décisions ne soient influencées par l’industrie ou les divers lobbys, oui, serait possible.

Ce ne serait ni inconcevable, ni naïf.

C’est au peuple de l’exiger.

L’histoire l’a montré, la solution ne viendra pas des organisations elles-mêmes qui au mieux se font taper sur les doigts mais poursuivent quand même leur pratique malsaine, au pire ne rendent même aucun compte et continuent comme si de rien n’était.

Ainsi l’OMS après le scandale de la gestion de la pandémie de grippe H1N1, ainsi l’EMA après le scandale de la gestion du vaccin Gardasil et de ses effets secondaires graves pointés du doigt par la branche nordique du réseau Cochrane [17].

Cela ne viendra pas non plus des politiques qui au mieux, laissent faire, au pire, profitent du système des portes tournantes (revolving doors) ou pantouflage [18].

Cela ne viendra pas de l’industrie pharmaceutique qui profite en premier du système.

Cela ne peut venir que du peuple, des gens, vous, moi.

L’enjeu en vaut la peine, non ?

Nous devrions partir en guerre, non pas contre un virus, mais contre la malhonnêteté, la corruption, le mensonge et l’immoralité qui poussent les personnes qui devraient nous protéger à ruiner nos santés au nom de leur profit.

Dr Pascal Sacré

 

Notes (sources) :

[1] Michel Georget, L’apport de la vaccination à la santé publique, 2014, Dangles

[2] Les experts du cholestérol de la HAS dans le viseur d’Anticor et du Formindep, sur le site caducee.net 

[3] https://www.mondialisation.ca/peut-on-faire-confiance-a-loms/5643772, de William Engdahl, sur le site www.mondialisation.ca 

[4] Le Pr Philippe Even radié de l’Ordre des médecins, sur le site 20minutes.fr. Le professeur émérite Philippe Even, ancien vice-président de l’université Paris V a écrit plusieurs livres contre la corruption de la médecine, dont « Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux », et « Corruptions et crédulité en médecine, stop aux statines et autres dangers » aux éditions cherche-midi.

[5] Organisation Mondiale de la Santé – OMS, WHO – World Health Organisation 

[6] Agence européenne des médicaments, EMA – European Medicines Agency

[7] Covid-19 : qu’est-ce que le Care, sur le site de l’Express, publié le 24 mars 2020

[8] Sciensano

[9] Steven Van Gucht, président du comité scientifique coronavirus. Le virologue belge Steven Van Gucht fait partie de Sciensano et dirige le comité scientifique coronavirus qui épaule le gouvernement belge dans la gestion de la crise du Covid-19. 

[10] Maggie De Block  

[11] Politique et corruption à l’OMS, sur le site Mondialisation, par Pascal Sacré, 12 janvier 2010.

[12] Politics and Corruption at the World Health Organization (WHO), sur le site GlobalResearch, par Pascal Sacré, 9 février 2020.

[13] Groupe stratégique consultatif d’experts (SAGE), le groupe SAGE ne s’occupe pas seulement des vaccins et vaccinations contre les maladies de l’enfant, mais de toutes les maladies évitables par la vaccination.

[14] Grippe A (H1N1): le niveau d’alerte pandémique passe en phase 6, la pandémie de grippe 2009 a maintenant commencé.

[15] Vaccination et pandémie virale 2009 : faites-vous confiance au SAGE ?, sur le site Mondialisation, par Pascal Sacré, 26 novembre 2009.

[16] Jerome P Kassirer, Jerome P. Kassirer est un néphrologue américain, chercheur médical et professeur à la Tufts University School of Medicine. Il a été rédacteur en chef du New England Journal of Medicine de 1991 à 1999. Sa citation est parue dans le NEJM, 1995, vol. 333, n°1, p.50.

[17] Agence européenne du médicament : des experts sous influence ?, 12 décembre 2017.

[18] « Pantouflage » ou « revolving doors », après la polémique sur le recrutement de José Manuel Barroso par Goldman Sachs ou celle sur les conférences rémunérées d’Hillary Clinton à Wall Street, les appels se multiplient pour mieux encadrer les relations entre la politique et la finance. Ce comportement gangrène toute la société, y compris le domaine des soins.

[19] Alternative Santé numéro 78, article par Jeanne Leborgne, 12 décembre 2017.

[20] Covid-19: les conseillers du pouvoir face aux conflits d’intérêts, paru le 31mars 2020, écrit par Rozenn Le Saint et Annton Rouget.

[21] Coronavirus : des liens troubles entre labos et conseils scientifiques, Valeurs actuelles, 3 avril 2020.

[22] #TransparenceCHU : comment nous avons enquêté sur les liens entre labos et médecins, Quinze titres de presse quotidienne régionale, dont Le Parisien, publient ce vendredi une enquête sur les liens entretenus entre les laboratoires et les professionnels de la santé, 10 janvier 2020.

[23] Dr Wolfgang Wodarg is a German physician specialising in Pulmonology, politician and former chairman of the Parliamentary Assembly of the Council of Europe. In 2009 he called for an inquiry into alleged conflicts of interest surrounding the EU response to the Swine Flu pandemic.

[24] Dr John Ioannidis is a Professor of Medicine, of Health Research and Policy and of Biomedical Data Science, at Stanford University School of Medicine and a Professor of Statistics at Stanford University School of Humanities and Sciences. He is director of the Stanford Prevention Research Center, and co-director of the Meta-Research Innovation Center at Stanford (METRICS).

[25] Dr John Ioannidis– “A fiasco in the making ? As the coronavirus pandemic takes hold, we are making decisions without reliable data”, Stat News17th March 2020.

[26] Professor Peter C. Gøtzsche, Corona : an epidemic of mass panic, publié le 21 mars 2020.

[27] 12 Experts Questioning the Coronavirus Panic

[28] 10 MORE Experts Criticising the Coronavirus Panic

[29] Quand Maggie De Block se cure le nez en Commission par vidéo-conférence, Une image extraite de la réunion de la Commission de la Santé et de l’Égalité des chances qui se tenait mardi par vidéo-conférence a fait parler d’elle sur les réseaux sociaux. La ministre de la Santé Maggie de Block a visiblement oublié qu’elle était filmée.

[30] Maggie De Block augmente encore et toujours le pouvoir des lobbies pharmaceutiques. Et notre santé ?, de Muriel Gerkens, députée fédérale Ecolo et présidente de la commission santé à la chambre, article paru dans le Vif le 21embre 2017.

[31] Farmaka amputée de moyens: le GBO s’inquiète, Solidaris n’est pas le seul organisme à s’alarmer de l’avenir étriqué qui semble réservé à l’information neutre en matière de médicaments. Le GBO dit s’inquiéter lui aussi des coupes claires annoncées dans les rangs des visiteurs médicaux indépendants.

[32] La Belgique compte 9 ministres en charge de la Santé… comment cela se passe-t-il ?, Le paysage politique de la santé en Belgique se caractérise par un éclatement des compétences entre le pouvoir fédéral, les Communautés et les Régions. Pas moins de 9 ministres exercent une partie de cette compétence.

[33] Pourquoi il ne faut pas fusionner les instances d’avis scientifiques en matière de santéRTBF.be, 19 septembre 2017.

[34] La création de Sciensano est la réponse du gouvernement à un audit mené par la Cour des Comptes en 2010., Journal du Médecin, 21 septembre 2017.

[35] M. Mertens disait en effet craindre pour l’indépendance du KCE en raison de la composition du nouveau conseil d’administration. Journal du Médecin, 21 septembre 2017.

[36] Le GBO inquiet pour l’indépendance du KCE, Paul De Munck redit l’attachement du GBO à l’indépendance intellectuelle de la recherche scientifique. Le Spécialiste, 26 septembre 2017.

[37] Les fermetures d’écoles auront probablement un impact relativement faible sur la propagation du Covid-19, The Guardian, par Sally Weale, 7 avril 2020.

[38] Le système d’influence des laboratoires pharmaceutiques, Notre association, le Formindep, a pu constater l’influence que les firmes pouvaient avoir sur les décisions politiques. 18 avril 2015.

[39] Entre les labos pharmaceutiques et les médecins, 14 millions de conflits d’intérêts potentiels !, malgré la succession de scandales, la transparence reste très parcellaire. En partenariat avec le projet EurosForDocs, nous dévoilons un outil permettant d’y voir plus clair sur ces liens d’intérêts : pas moins de 14 millions de liens sont été répertoriés en France depuis 2012, pour un montant total de plus de 3,5 milliards d’euros versés aux professionnels de santé. Rozenn Le Saint, 13 novembre 2018.

[40] Médecins sous influence. Enquête sur les relations entre les médecins hospitaliers, avril 2008, Dr Jean LapercheKrings Guillaume, Leroy Philippe, Kara Osman, Lecomte Laurie, Mertens Maud, Lallemand Séverine, Kabayadondo Gugu

[41] Influences des firmes pharmaceutiques sur les soins de santé, Cindy Joye, travail de fin d’études dans le cadre de son Certificat Universitaire en Ethique des Soins de Santé (UCL & FUNDP – 2012)

[42] Les laboratoires pharmaceutiques en accusation, par Paul Scheffer, Le Monde Diplomatique, Santé, octobre 2015. 

[43] Peter C. Gøtzsche, Remèdes mortels et crime organisé. Comment l’industrie pharmaceutique a corrompu les services de santé, Presses de l’Université Laval, Québec, 2015, 457 pages

[44] About Cochrane, Cochrane s’adresse à toute personne intéressée par l’application d’informations fiables aux décisions en matière de santé. Que vous soyez médecin ou infirmier, patient, soignant ou aidant, chercheur ou financeur, les données probantes Cochrane sont des outils puissants pour améliorer vos connaissances et vos prises de décisions en matière de santé.

[45] Institute for Scientific Freedom, it works to preserve honesty and integrity in science and to help develop a better healthcare where more people will benefit ; fewer will be harmed ; and more will live longer in good health.

[46] L’association AIMSIB est un collectif de bonnes volontés issues de la société civile

[47] Pourquoi Prescrire ?, Depuis janvier 1981, la raison d’être de Prescrire est d’apporter aux professionnels de santé, et grâce à eux, aux patients, les informations claires, synthétiques et fiables dont ils ont besoin, en particulier sur les médicaments et les stratégies diagnostiques et thérapeutiques.

La source originale de cet article est Mondialisation.ca
Copyright © Pascal SacréMondialisation.ca, 2020
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Commentaires
G
Article intéressant mais comment changer cette situation? Peut être le désastre qui se profile sur divers plans va obliger la copie à être revue. Il faut le souhaiter. C’est de plus en plus insupportable
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